L’équipe de l’institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine a ouvert ses portes lundi 17 septembre aux étudiants de la première année de son Master Journalisme. Ils ont été accueillis par l’équipe au grand complet, qui leur a présenté l’école, ses enseignements et ses productions, après ce mot d’accueil du directeur :
« Comme vous le savez déjà si vous avez, chevillée au corps, la curiosité inhérente à ce métier, l’école dans laquelle vous venez d’être admis possède déjà une longue histoire. Elle a été fondée en 1967 par l’universitaire, journaliste et écrivain Robert Escarpit, dans le mouvement de création des IUT, et a fêté l’an dernier son demi-siècle d’existence. Il y a tout juste dix ans sortaient les premiers diplômés du DUT devenu Master.
Je veux avant toute chose vous féliciter. D’abord, pour avoir réussi brillamment notre concours qui draine chaque année près de 1000 candidats pour, vous le savez, moins de 40 places. Les efforts consentis trouvent aujourd’hui leur récompense, et votre désir de journalisme, je l’espère, une voie d’accomplissement.
Je veux vous féliciter, ensuite, pour votre engagement. Parce que vouloir devenir journaliste, oui, c’est témoigner d’un fort engagement. Ce métier ne ressemble à nul autre. Sans jamais renoncer à votre sensibilité – je vous y invite – et quel que soit le type de média auquel vous vous destinez, vous aurez à témoigner le plus honnêtement possible de la marche du monde. En le décryptant pour le rendre intelligible, en donnant la parole à ceux qui ne l’ont pas, en faisant vivre le débat social et démocratique, en témoignant de ce qui s’est passé, là-bas, si loin, ou ici, au coin de la rue, en exposant au grand jour ce que certains auraient intérêt à laisser dans l’ombre, que sais-je encore… Il y a cent raisons de vouloir devenir journaliste. Profitez de ces deux ans pour mener cette réflexion pour vous-mêmes. Elle vous aidera à grandir professionnellement.
Le journaliste a une responsabilité sociale. Le journaliste joue un rôle clé dans la bonne marche de toute démocratie digne de ce nom. Voilà de grands mots, direz-vous. Et ces mots que j’énonce résonnent peut-être, à cet instant, avec la platitude d’une évidence tant rebattue qu’elle en a perdu toute substance. Mais en ces temps de mensonge, de provocation, de détournement ou de négation des faits, en ces temps de croyances érigées en vérité, de discours haineux, de retour des populismes, de remise en cause éhontée du discours scientifique, l’évidence le sera peut-être de moins en moins et vous aurez, en tant que journalistes dans cette première moitié de XXIe siècle, un rôle accru à jouer pour résister à bien des glissements obscurantistes.
A minima, à un moment ou à un autre de votre carrière, vous serez peut-être amenés à rencontrer un confrère étranger pour qui ces mots-là sont une lutte de chaque jour, un risque encouru. L’école en a accueilli, pas plus tard que l’an dernier, où un jeune journaliste de radio guinéen contraint à l’exil a pu se former ici pour décrocher son diplôme universitaire de Journaliste Reporter d’Image.
Ayez une haute, une très haute idée du métier que vous vous apprêtez à embrasser, acceptez cette responsabilité qui sera la vôtre, mais sans jamais vous laisser prendre au piège sournois du discours surplombant, de la posture excluante adoptée par celui qui pense savoir mieux que tout le monde et se coupe de la plupart. Le journalisme est un métier de curiosité, de connaissance, de ténacité, d’intransigeance, de combat parfois, mais aussi de transmission, d’empathie, d’écoute et d’humilité. Un métier où le doute, l’interrogation, jouent un rôle salutaire dans la détection des a priori, des stéréotypes, des raccourcis de la pensée que vous aurez le devoir de combattre avec exigence, où que vous soyez, quoi que vous fassiez et quel que soit le public auquel vous vous adresserez.
A ces exigences-là, mais aussi aux réalités plus prosaïques du terrain, aux questions soulevées par une insertion professionnelle parfois délicate et qu’il ne s’agit pas d’ignorer, nous tentons de vous préparer au mieux pendant ces deux ans. Je veux vous inciter à profiter pleinement de cette première année pour goûter à toutes les expériences professionnelles qui vont s’offrir à vous. Testez avec gourmandise, laissez-vous surprendre, acceptez de changer d’avis, osez, trompez-vous… Le Master 1 est fait pour ça. Ce plaisir de découvrir sera partagé par l’équipe de l’IJBA qui a hâte de se mettre au travail avec vous ! »