L’IJBA s’est offert une petite virée outre-Atlantique dans la nuit du 6 au 7 novembre.
A l’initiative de ce projet, Joel Maybury, Consul des États-Unis à Bordeaux. Concerts, débats et autres quiz animeront cette « American night », jusqu’au petit matin.
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18h : Ça grouille devant l’IJBA. François Simon, directeur de l’école, se prête volontiers au jeu des interviews sur le perron de l’école. Pas de stand burger, ni de beaux cabriolets rutilants. Deux affiches simplement. L’une pour le parti démocrate, l’autre pour le parti républicain, trônent à l’entrée.
Interview de François Simon.
Les premiers invités arrivent. Les étudiants également. Une fois l’imposant cordon de sécurité franchi, direction le plateau TV, décoré à la mode américaine. Deux écrans géants tapissent le mur. Sur l’un, CNN, en fond. Sur l’autre, le live tweet. Et place aux « Fabulous Fabs », pour un petit verre de blues en guise d’apéritif.
19h : « Cette soirée marque un temps fort dans la pédagogie de l’IJBA”, lance François Simon. Ici, on est gagné par l’« Obama mania ». « Comme pour une grande majorité des Français (90%) », précise Joel Maybury.
Joel Maybury, Consul des Etats-Unis basé à Bordeaux, tient un discours d’introduction.
Le public est ensuite embarqué au cœur de l’élection à travers un clip qui revisite les meilleurs moments de la campagne. Des sourires un peu moqueurs pour Mitt Romney. Une large approbation à l’attention d’Obama.
19h30 : Interview. A l’écran, John Wilkerson, professeur américain de sciences politiques, tempère nos espoirs. D’un côté, « les gens vont plutôt sanctionner le pouvoir en place compte tenu de la situation économique. » De l’autre, « Obama reste populaire dans les autres domaines. En tout cas, le scrutin reste serré ». Serrés, nous le sommes aussi sur le plateau TV, plein à craquer.
19h45 : Place au premier débat. Entrée sur le ring de Trudy Bolter, représentante du parti démocrate en France et ancien professeur de sciences politiques. Deux étudiants à l’arbitrage. Ellen Wasylina (représentante des « Republicans Abroad »), retenue à Paris, s’exprime à travers une interview audio réalisée la veille et diffusée dans l’amphi. Les coups s’échangent à distance. Crochets, uppercuts sur les clefs de l’élection. Les rounds défilent sans temps mort. « L’argent roi » cristallise le débat. « Romney a dépensé le plus d’argent », assène Trudy Bolter. « Les dépenses électorales sont équilibrées », répond le camp républicain. Un jeu de ping-pong qui se conclura par ce constat optimiste de la représentante démocrate sur la libéralisation des dons d’argent : « Si la démocratie continue à bien fonctionner… Ce n’est pas l’argent en soi qui va pourrir les choses. »
Aurélie Godet et Trudy Bolter participent au second débat, animé par deux étudiants de l’IJBA.
20h45 : Première pause. La salle se vide comme un bon verre de Bordeaux. Des chips comme amuse-gueule. Du Coca-Light comme apéritif. On se croise et s’entrecroise dans le hall avec les invités et autres étudiants américains. On tweete. Et re-tweete.
21h10 : Second débat. On ressort les gants. Trudy Bolter, infatigable, répond de nouveau présent. À ses côtés, Aurélie Godet, maître de conférences en civilisation américaine à l’université Bordeaux 3 et spécialiste du Tea Party. Face à elles, encore et toujours la voix de l’opposante républicaine Ellen Wasylina.
Et une hypothèse : les démocrates pourraient perdre leur majorité au Sénat. Feu sur les dépenses militaires. Les questions fusent. La représentante démocrate se plaint à plusieurs reprises de ne rien entendre. Surdité volontaire aux questions ?
21h30 : « C’est triste d’être républicain », dixit Trudy Bolter, pour répondre aux propos d’Ellen Wasylina sur l’Obamacare. Bien qu’absente physiquement, l’opposante républicaine irrite les démocrates. Dommage qu’elle ne soit pas là, on aurait bien aimé un petit crêpage de chignons en direct. Les formes du débat démocratique sont respectées, même si Trudy Bolter se lâche davantage.
21h55 : Passage de la politique intérieure vers les contrées de la politique étrangère. Chine, Printemps Arabe ou encore Israël sont au menu. Le public reste attentif, alors que l’on joue les prolongations.
22h15 : Fin du débat. Les protagonistes regagnent leur place sur les bancs du plateau TV. Puis, en un clic, on passe de l’IJBA à Time Square avec la projection en différé d’une interview de Stéphanie Fontenoy, correspondante aux États-Unis pour Sud Ouest, La Croix et La Libre Belgique. Elle nous livre le ressenti des Américains à un jour du scrutin.
22h25 : On revient à l’IJBA en musique avec Tony Jazz et son titre « Change as come ».
Le producteur Tony Jazz, interrogé par deux étudiantes de l’IJBA.
Son clip en 2008 a fait sensation puisqu’il a franchi les portes de la Maison Blanche. Une véritable prouesse pour ce Bordelais. « J’ai fait cette chanson en 2008 car je vivais à New York, j’étais un petit producteur français qui essayait de percer. J’ai fait cela pour un homme. J’ai voulu lui rendre hommage. J’ai refait en 2012 une nouvelle chanson, plus un cadeau qu’un acte politique. » Tony Jazz et son acolyte Mathieu Billon remettent ça avec la réalisation de l’hymne des jeunes démocrates pour cette campagne 2012.
23h : La faim nous tenaille. On se bouscule dans le hall. Les sandwichs au jambon et au fromage sont pris d’assaut. Jus de fruits pour les étudiants très-très-très raisonnables, vin californien pour les autres. Les tables se vident plus vite que les ventres ne se remplissent. Ça discute. Ça boit. Ça rit. Ça se promène. Ça boit. Ça rit, encore plus fort. Ça titube même. Allez, on se ressaisi, direction le plateau TV.
0h30 : Ragaillardis, la panse bien remplie, il est temps de se remuer les méninges : place au quiz concocté par le Consulat américain. France vs. États-Unis. Un public bruyant, deux équipes déterminées à gagner, répondent aux questions d’une animatrice parfois débordée par l’agitation, mais qui reste ferme sur le respect des règles du jeu.
« En quelle année ont été construites les pistes de bowling dans la Maison Blanche ? » Les réponses fusent. Toutes fausses. 1947. Merci le public.
« Combien de présidents apparaissent sur la monnaie américaine ? » Hésitation du camp français qui, déboussolé, fait appel à un auditoire acquis à sa cause.
Après une heure de questions sur la culture politique des States, les descendants de l’Oncle Sam parviennent à bout des Gaulois sur un score sans appel. Mauvais perdants les français ? Pas du tout. Chacun se congratule, on se quitte bons amis.
1h : Le trio « Fabulous Fabs » entre en piste. Harmonica, guitare, basse, la soul music des Etats du Sud envahit l’amphi.
Le groupe Fabulous Fabs se donne en concert.
2h45 : Les étudiants s’éparpillent çà et là dans les enceintes de l’IJBA. Certains ont mal au crâne. Y’a un peu de blues dans les cerveaux. D’autres s’agglutinent dans la salle étudiante avec ITélé en toile de fond. Ça court, ça rit, malgré l’heure tardive. L’IJBA : la belle éveillée !
3h : Retour sur le plateau TV. Les premiers résultats s’affichent. 49 grands électeurs pour Obama contre 82 pour Mitt Romney. Certains sont inquiets. D’autres préfèrent attendre. Sur la scène, les ultimes notes de blues résonnent. Les étudiants entament un dernier Rock. « Merci beaucoup pour cette soirée ! », lance le chanteur des « Fabulous Fabs ».
Sur l’écran de CNN, la courbe s’inverse. La magie Obama opère. Voici qu’il passe en tête, définitivement, avant la délivrance peu avant 5h20.
5h15 : « Yes, we re-can » ! Nul besoin d’attendre le résultat des derniers « swing states » (« Etats indécis »), BARACK OBAMA est réélu pour quatre ans. Rougis par la fatigue, les yeux se rivent sur le grand écran. Toujours en direct de CNN. Des scènes de joie naissent un peu partout aux Etats-Unis. A l’IJBA, aussi. Un grand poster d’OBAMA est arboré. Petite photo de famille autour de Joël Maybury. « Je suis très fier de mon pays. » Thank you M. le Consul. Have a good night l’IJBA.
Interview de François Simon.
Etienne Millien, professeur d’anglais à l’IJBA et un des principaux organisateurs de la soirée américaine, revient sur cet événement. Et livre son analyse sur le traitement médiatique de cette campagne.
Interview d’Etienne Millien.
Rachid Majdoub et Damien Renoulet